Inspiré par Antoine Roule (1921)
La fille la plus coquette,
A croire nos anciens,
Ne portait jadis pour toilette
Presque trois fois rien.
Certes, son sourire gourmand
Savait fort bien plaire
Aux garçons entreprenants,
Mais permettez que je préfère
Les St Juliénoises d'à présent !
Sombre et farouche décence,
Un long châle disgracieux
Comme un manteau de pénitence
Cachait son charme à tous les yeux.
C'était là fort grande sottise.
Ne vaut-il pas mieux voir en passant
Se cambrer la taille bien prise
Des St Juliénoises d'à présent ?
Sur le corsage ou dans la coiffure
Jadis hélas ! jamais ne brillait
La moindre petite parure
Que pourtant leurs mains tressaient.
N'aimes-tu pas, fleur altière,
Ruban mignon gai et luisant
Orner de ta grâce légère
Les St Juliénoises d'à présent ?
Chez nous, l'amour et le bon rire
Ne désertent jamais les cœurs.
Les étrangers savent le dire.
On est ici plus gai qu'ailleurs.
Comment se laisser attrister
Par une sombre humeur sournoise
Quand, belles et gaies à croquer,
On côtoie nos chères St Juliénoises ?
Les années qui passent
Et leur lot de cheveux blancs
Ajoutent charme et classe
A nos jeunesses d'antan.
Eloigné chacun de son côté,
Retraite ou solitude savent parfois
Cruellement nous rappeler
Au souvenir des St Juliénoises d'autrefois.