De plusieurs siècles notre aîné
Tu es toujours là, bien arrimé
Au bord de notre rivière le Conan
Où tu sembles défier le temps
Qui pourtant coule inexorable.
Tu étais indispensable
Pour que l'on puisse manger du pain.
Tu as eu de bons moments, d'autres moins.
Tu as su vaincre l'adversité
Et à tous les coups te redresser,
La preuve, c'est que tu es encore là
Et en très bon état.
Marcel, le meunier, te bichonne,
Aussi pas d'à coup, tu ronronnes
Comme un chat sous les caresses
D'une jeune maîtresse.
Tes rouages bien huilés,
Tes articulations bien graissées,
Tu pourras voir défiler le temps
Encore longtemps;
En as-tu vu passer de l'eau dans le Conan ?
Avec les orages violents de l'été
Le meunier devait faire vite pour régler
L'arrivée d'eau dans l'écluse qui, saturée,
Pourrait déborder et endommager
La roue à aubes qui entraîne le moulin
Dans son travail quotidien.
Le calme, après l'orage, revenu, le meunier
Peut de nouveau reprendre son activité…
Avec le temps qui passe, tu deviens
Un outil qui rappelle aux anciens
Le temps où il fallait se débrouiller
Pour fournir de la farine aux boulangers.
Tu fais partie de ces vieux outils
Qui furent très utiles
Dans un passé pas si lointain.
L'hiver il te fallait tourner à plein
Car l'été, avec la baisse des eaux de Conan,
Tu ne tournais pas longtemps;
L'écluse était longue à se remplir,
Le meunier en profitait pour t'entretenir,
Vérifier ta mécanique,
Rhabiller tes meules de granit.
Et ainsi te voilà prêt à travailler
Calmement, pendant toute l'année
Sous la conduite de ton meunier
Compétant et passionné.