Le moment venu, notre brave curé
Du culte s'en fut quérir les deniers.
Aussi, ce matin d'hiver,
Après avoir lu son bréviaire,
S'habilla chaudement, mit sa soutane,
Et s'en fut armé de sa canne
Par les petits chemins verglacés
Visiter les hameaux les plus éloignés.
Il attaque sa tournée par le Frayssonet
Où l'attendait bien chaud un café au lait.
C'est là que commencent les difficultés,
La pente du sentier s'est accentuée
Et sans l'aide de sa canne,
Il ne pourrait accomplir sa mission vaticane
Qui consiste à recueillir l'obole
De ses paroissiens. Et cela le console
De ce qu'il endure
Ce matin dans la froidure.
La Brigadière passée sans encombre,
Dans les grands bois, il fait sombre.
La Bigaudière en vue,
Rien na va plus,
Les chiens sont hargneux,
Pourtant notre curé n'est pas du genre peureux,
Mais enfin !
Les chiens ont faim !
Pour se défendre, d'une pierre il veut s'armer
Mais la gelée au sol l'a attachée …
Alors s'adressant à Dieu le père, il lui dit :
Qu'est-ce que c'est, ce pays ?
Les fermiers lâchent les chiens et attachent les pierres.
Cet hiver à la Bigaudière,
Pour se faire pardonner, les paroissiens
Du coin
Lui offrirent un dîner
Copieux et bien arrosé.
Sur le chemin du retour
Notre bon curé fit de nombreux détours et contours.