La fête des classes est une tradition
Qui demande beaucoup d'organisation.
C'est longtemps à l'avance, avec précision,
Persévérance et obstination
Qu'il faut faire des prévisions.
Cette année ce sont les quatre
Qui ont eu à se débattre
Pour faire de cette journée
Une journée où seule la gaîté
Sera de rigueur pour les invités.
Il faut commencer par recenser
Toutes les personnes qui sont nées
Dans les années
Qui leur donnent un âge en zéro
Qui, bien sûr, à vingt ans, est le plus beau.
La journée commence le matin
Par le dépôt d'une gerbe en souvenir des défunts.
Puis la photo de groupe
Rassemble toute la troupe
Pour fixer dans le temps
Cet évènement.
La messe réunit pendant une heure
Dans une même ferveur
Tous les conscrits.
Ils en ressortent bénis.
Le défilé des classards est emmené
Par "L'Echo des Vallons" aux cuivres astiqués,
Et par "décades", toutes les classes
Dans les rues du village passent,
Les jeunes, vigourets et fringants,
Et les anciens, tout en suivant,
Font preuve de courage
Pour ne pas faire voir les outrages
Que, petit à petit, le temps
Accumule au cours des ans.
Au vin d'honneur frais et bien servi
Ce sont les retrouvailles entre amis,
Quelques instants de nostalgie partagés
En évoquant le temps passé.
C'est là que l'on entend
Tous ces braves gens
Regretter leur vingt ans.
La roue tourne inexorablement,
La vie continue régulièrement,
Semaine après semaine,
Avec ses joies et ses peines.
Il nous reste à espérer que dans dix ans
Nous nous retrouvions gaillardement
Comme à nos vingt ans.
Ayons une pensée affectueuse
Pour ceux que la grande faucheuse
Nous a enlevés
Au cours des années.
Les classards sont en vérité
Des gens de qualité
Qu'il fait bon rencontrer.
Rendez-vous donc dans dix ans
Pour les survivants.
Une oreille indiscrète
Ce jour de fête
A entendu un quidam aux retrouvailles,
Les cheveux quelque peu en bataille,
Evoquer sans sourire
Certains souvenirs :
Te souviens-tu, ma Belle ?
La vie aurait pu être belle …
Si on avait su !
On aurait pu !
Maintenant on sait, mais on ne peut plus.