C'était une belle journée d'hiver,

Il y a longtemps, ce n'était pas hier,

Notre homme, amateur de bonnes caves,

Se prénommait Octave.

Bon vivant, il aimait la bonne table

Et dans le fond, il était assez agréable.

Tout le monde le connaissait,

Toto était son sobriquet.

Il aimait sa maison en pleine campagne

Où il vivait sans compagne.

Ingénieux et adroit de ses mains,

Il rendait service à ses voisins.

Son défaut : il abusait parfois du vin

Et cela le rendait parfois bagarreur

Mais seulement à  certaines heures.

[ Pour la petite histoire, disons qu'il était bagarreur

 Mais meilleur encaisseur que cogneur

 Surtout tard le soir

 Après quelques heures passées au bar ]

Toujours est-il qu'il nous a laissé des souvenirs, Toto !

Que son âme soit en paix, là-haut.

Donc, par une belle journée d'hiver

Il rejoignit Dieu le Père.

Il mourut comme il l'avait souhaité,

Chez lui, dans son pré.

C'était un fin chasseur,

Bon tueur, pas menteur.

C'est après la mise en bière, difficile,

Chez lui à son domicile

Et après quelques verres bus en souvenir

Selon ses derniers désirs

Que l'histoire se corse.

Et ce n'est pas faire entorse

A la vérité que de raconter

Ce qui est arrivé.

Étant d'un poids respectable -

Il se tenait bien à table –

Le volume impressionnant

Nous fit réfléchir un instant.

Le cercueil ne passant pas par la porte,

C'est vers la fenêtre qu'on l'emporte.

Le brancard étant déjà bien fatigué

Et les sangles usées, Toto arriva dans le pré !

Après une réparation sommaire

Avec de la ficelle ordinaire,

Le brancard est chargé dans le corbillard 

Tiré par un cheval cagnard.

Les traits de l'attelage, ne datant pas d'hier,

Cassent et le Véhicule part en marche arrière.

Chacun de le retenir et de le caler,

Autrement, où serait-il allé ?

Les traits réparés, on repart

Avec beaucoup de retard.

Tout se passe bien pendant un moment

Mais pas très longtemps.

L'allée centrale de l'église n'étant pas large,

C'est à deux qu'il faut prendre la charge;

Mais un tel poids

Rend maladroit.

Arrivé dans le chœur, épuisé,

Tout le décor est renversé :

Le Christ, les chandeliers sont à terre.

Ce n'est pas fait pour plaire

Au curé contrarié

Par, dans l'église, des rires étouffés !

Enfin un répit pour les porteurs

Qui malgré ce petit malheur

Vont pouvoir enfin

Reprendre des forces au café du coin.

Après tant d'efforts déployés,

Le temps est vite passé.

Le clergeon vient en courant

Les avertir qu'il est temps !

La messe est finie !

Mais pas les soucis !

Le corps et les fleurs chargés, l'on repart

Avec beaucoup de retard…

Notre ami Toto qui savait tout faire

Avait préparé sa tombe au cimetière.

Mais un problème attend

Différent :

Le cercueil est trop large. Après réflexion,

La seule solution

Est de faire un sort

Au couvercle en taillant les rebords.

Toto, te voilà enfin dans ta dernière demeure.

Et commentaire ironique d'un voisin porteur :

Tu nous en as fait voir toute ta vie,

Mais encore aujourd'hui, ce n'est pas fini,

Sacré Toto, on ne t'oubliera pas

Car tu étais vraiment un cas.

Adieu ! Paix à ton âme.