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CONAN

Tout commence sur les pentes boisées du mont Armont où une source fraîche se fraye laborieusement un passage dans les herbes sauvages. Attirée par la pente, elle se dirige doucement en direction du soleil levant…

 

Petit à petit, tout au long de ton bonhomme de chemin, d'autres sources viennent te fortifier, petit ru naissant, et tu sembles les inviter à partager l'aventure qui commence.

 

Arrivé à la Rouillère après avoir drainé les eaux de tout le versant, de ru tu deviens ruisseau. Sur l'autre versant, ta sœur jumelle La Cosne, appelée autrefois le Rotier, aurait donné "mon Rotier", puis plus tard son nom à Montrottier dont le clocher de la vieille église veille sur vos premiers ébats de jeunes ruisseaux.

 

C'est à Chavanne que tu reçois les eaux qui dévalent les 821 mètres du Mont Pothu  et où tu prends définitivement le nom de Conan. Tu formes la limite entre Montrottier et St Julien et tes nouveaux petits affluents Jubin et Grand-Val t'offrent volume et vigueur.

Tu t'oxygènes un moment au Tallot, à la cascade du creux de la Gerle. 

 

Te voilà maintenant devenu adulte et les hommes t'apprivoisent et te domestiquent, usent de ta force pour moudre le grain au moulin Bressand, vieux de plusieurs siècles et toujours en état de marche grâce à Marcel le meunier. Ce moulin est d'ailleurs en passe de devenir à notre époque une curiosité de par sa conception assez rare.

 

Jusqu'à l'entre-deux guerres, tu irriguais les prés riverains et les cheneviers, ces petites parcelles de terrain qui servaient à la culture du chanvre dans les temps anciens.

Ce même bief, certains disent by, irriguait les champs de plusieurs propriétaires et le nombre de jours d'arrosage était défini par la surface des terrains et le nombre d'utilisateurs. 

Cette pratique, qui s'est terminée vers les années 1950, générait querelles et brouilles passagères entre voisins.

 

C'est tout de même la mouture du grain qui utilisait le mieux ton énergie. Le meunier stockait ton eau dans l'écluse en amont du moulin et te libérait dans la grande roue à aubes de plus de 5 mètres de diamètre, tout en bois, permettant ainsi à tout le mécanisme du moulin de se mettre en mouvement…et le grain devenait farine.

 

Ta liberté à peine retrouvée, te voilà de nouveau utilisé par le moulin Métral qui, à son tour et avec la même méthode, te transformait en énergie meunière.

 

Ton travail terminé avec les moulins de St Julien, tu reprends de la force dans la vallée.

Quelques décennies en arrière, tu faisais la joie des pêcheurs de truites, ces truites que tu savais si bien nourrir et qui ne quittaient ton lit qu'à regret.

 

A la limite de la commune de Bibost, tu reçois un ruisseau qui descend du village de St Julien, ruisseau qui n'a pas de nom bien défini, puisque appelé Vierbin par certains et Frayssonay par d'autres. Et sur de vieux registres, on trouve même encore le nom de Couard. Pour nous les riverains, ce ruisseau est la "petite rivière", comparé à toi, le Conan, qui es la "Grande Rivière".

C'est dans ce secteur que les lavandières du "Quartier" venaient rincer le linge de leur "grande lessive" dans ton eau claire et où on entendait claquer et résonner les coups de "batillons" dans les "gours."

 

Après avoir reçu le Couard, tu sers de limite entre Bibost et St Julien avant de délimiter Bibost et Bessenay. Plus en aval, un autre moulin existait autrefois : le moulin Pinet, emporté par une de tes fameuses crues vers les années 1820 – 1822. 

Gare à tes colères !  On peut en effet imaginer ce qu'elles furent quand on sait que ton débit, en demi-crue seulement, a été mesuré à 1600 m3 par heure !

 

Tu continues ton bonhomme de chemin jusqu'à La Rochette où tu te jettes dans la Brevenne, puis dans l'Azergue, la Saône et le Rhône enfin qui t'emmène en mer Mediterranée. Combien de temps peux-tu mettre pour accomplir ce voyage sans retour du Mont Armont au rivage de la Grande Bleue ?

 

Sur tout ce parcours, tu n'en fais qu'à ta guise et ta réaction aux orages est immédiate.

Quant à tes crues annuelles, elles restent sympathiques : sitôt en colère, sitôt calmé.

Seulement voilà : les années 60–70 ont vu la construction de nombreux lacs collinaires qui t'ont affaibli et tes grosses sautes d'humeur sont devenues moins spectaculaires et moins soudaines. Toutefois, la crue qui remonte au 17 mai 1983, et avant, celle de 1968, ont bien marqué les mémoires.

En l'an 2 000, les orages t'ont moins concerné que ton affluent le Couard qui, en te rejoignant, causa à tes berges quelques dégâts bien visibles.

L'été 2003 vit tes eaux les plus basses depuis bien longtemps, depuis en fait les années 1947-49. Cette sécheresse a révélé combien tu étais riche en truitelles.

En décembre de la même année, de fortes pluies te valurent une crue qualifiée de décennale.

 

Ta vallée a aussi été témoin de nombreux drames, crimes, suicides et accidents : une quinzaine de morts violentes y ont en effet été recensées en un siècle…

 

Malgré tout, tu restes notre ami et souvent on te parle comme à un vieux copain, car tu en as vu des choses !

Tu en sais !

 

* Longueur du Conan : une dizaine de kilomètres.

 

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