Perdues dans nos collines pentues,
Les cabanes sont les témoins d'un temps révolu
Où les travaux des champs
Se faisaient manuellement.
Cabanes aux murs de pierres
Construites par des saisonniers l'hiver,
Saisonniers venus travailler pour le gîte et le couvert
Maçons de la Creuse, tailleurs de pierres
Assuraient l'entretien des murs retenant la terre
De nos coteaux; ils avaient le savoir-faire.
La cabane servait d'abri aux vignerons
Ou aux bergers, suivant les régions.
Dans la cabane le vigneron entreposait sécateurs et échalas
Voisinant avec restant de paille, de seigle ou de raphia
Servant à relever les pampres poussés trop vite
Et menaçant de traîner dans la terre humide.
Dans un coin de la cabane, le tonneau de bois
Dans lequel le vigneron préparait avec l'eau du toit
Le traitement pour lutter contre le mildiou.
Marcher alors dans les cailloux
Avec la lourde sulfateuse sur le dos
N'était point de tout repos
Et s'avérait très pénible avec la chaleur,
Mais le vigneron ne ménageait pas sa sueur.
Cabane, lieu de détente et de repos
Quand dehors il faisait trop chaud
La boisson, du vin et de …l'eau attendaient
Dans un coin un peu plus frais.
La cabane dans les vignes, quand il faisait froid,
Que le sécateur collait aux doigts,
C'était l'occasion quelquefois
De se regrouper à deux ou trois.
Chacun participait à la chose, qui une bouteille de vin,
Qui du fromage, qui un saucisson, ou qui du pain,
Et de temps en temps, comble de bonheur,
Le vigneron arrivé en dernier était porteur
D'un gaufrier et des ingrédients nécessaires
Pour faire des gaufres; et pour les retardataires
Le patron de la cabane lançait de sa grosse voix
Pendant que s'allumait un feu de joie :
" vin don te métre a la soute e fé ben trop freu pe travaillé diho !"
Et sans se faire prier, le bougre
Venait grossir la troupe.
C'est la nuit qui mettait fin
A ce casse-croûte entre voisins.
C'était du bon temps, pris au temps, pour se rencontrer,
Se parler, s'écouter,
Entretenir l'amitié
Dans la voisinée.