Dans les années 50, les jeunes occupaient leurs loisirs comme ils le pouvaient, les moyens pour se déplacer étaient restreints. C’était le plus souvent à pied ou à vélo.
Les premières motos étaient rares, c’étaient des 125 cm3 sans suspension. Les Peugeot 125, Motobécane et Monet Goyon pointaient leur nez.
Dans presque tous les hameaux, il y avait un jeu de boules et les dimanches, c’étaient des parties entre voisins. Parties arrosées d’un petit vin de pays agréable à boire et …abondant.
Le jeu de boules servait aussi de piste de danse où les garçons et les filles se rencontraient pour des danses effrénées : valses, javas, paso …ou pour de langoureux tangos. La musique, elle émanait d’un phonographe apporté, ou bien un accordéoniste du coin s’efforçait à mettre de l’ambiance. Les anciens se laissaient aussi tenter par un tour de piste, une jeunesse dans les bras … La chaleur de l’été et le petit vin de pays aidant, les langues se déliaient et chanteurs et conteurs mettaient de l’animation dans tout le quartier.
Les couples se formaient et quand venait le soir, les garçons et les filles s’en allaient bras dessus bras dessous dans la pénombre de la nuit tombante … Les garçons accompagnaient les filles jusque dans les hameaux les plus reculés ; les parents des belles payaient le café ou offraient un verre de vin. Tout était bien et finissait dans la bonne humeur.
Ces rencontres dominicales donnèrent lieu à quelques situations cocasses.
Deux demoiselles ayant demandé à leur galant, qui les avaient raccompagnées chez elles, de les attendre pour un au revoir un peu plus " chaleureux " , les deux petits gars faisaient les cent pas près de l'étable. Le père des demoiselles sortit soudain sur le pas de la porte et se mit à crier à son chien qui le suivait : " Mors les, ces deux cons !"
Les galants prirent alors la fuite en quatrième vitesse et, dans leur précipitation, sautèrent dans le trop plein de la fosse à purin. Pour l'un de ces deux jeunes, c'était la première fois qu'il mettait ses chaussures neuves ! Pensez donc ! Des "basket" bleues et blanches, de ces "basket" qui venaient de sortir sur le marché ! Et il en était fier, de ses "basket" toute neuves. Mais elles avaient carrément changé de couleurs …Et le pantalon ! mon Dieu ! C'était chouette, et en plus de la vue, il y avait l'odeur …
Quand les filles sortirent, il n'y avait plus personne.
Mais où l'histoire se corse, c'est que le dimanche suivant, elles firent savoir leur mécontentement et l'on sut la fin de l'histoire. En criant :" mors-les, ces deux cons !", le père des demoiselles donnait l'ordre à son chien de faire rentrer les bœufs qui se trouvaient au fond du pré, comme il le faisait tous les soirs.
L'histoire des belles chaussures fit rapidement le tour de la commune, et même un peu plus loin.