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L'artiste peintre Alphonse Rodet

L’artiste peintre Alphonse RODET, consacré dans les expositions du Salon d’Automne de Lyon auquel pendant toute sa carrière artistique il réservait chaque année ses plus belles toiles, est venu pendant des décennies séjourner les mois d’été à Saint Julien sur Bibost.

Il avait, avec son épouse, pris en affection ce village des coteaux du Lyonnais et venait s’y reposer et s’y ressourcer avant la grande rentrée du Salon d’automne.

Dès les années 1940 et jusqu’au décès de son épouse, le couple prenait pension à l’Hôtel Lagoutte. Discrets, ils participent aux évènements familiaux n’oubliant jamais de marquer la naissance des enfants de l’hôtel qui les accueille chaque année. Ils parcourent les chemins du pays toujours vêtus impeccablement dans un style élégant rappelant leurs débuts dans les années 20 : habillés de noir, elle avec  un chignon magnifique et sa longue robe, lui avec une lavallière élégante attachée à son col.

Alphonse et Adeline Rodet et les filles de l’hotel Lagoutte 

 De nombreuse toiles, soit en natures mortes soit en paysages et bâtiments restent témoins de ces heures partagées avec les lieux et les gens du pays qui pour certains gardent dans leurs demeures quelques unes de ces œuvres chargées de mémoire.

Une ferme

En 1946 il réalise le dessin de la bannière de la nouvelle fanfare de Saint Julien (créée en 1943) : l’Eveil Musical Saint Juliennois.

 Et tous se souviennent de ce couple si attachant, de la douceur d’Adeline, du sourire malicieux d’Alphonse, de leurs silhouettes qui amenaient dans le village le souvenir d’un autre temps, oui d’un autre temps et peut être d’une autre planète.

Vase de Fleur

André Mure président du Salon d’Automne écrivait en avant propos de l’ouvrage qui célébrait en 1969 le jubilé de la participation d’Alphonse Rodet à ce salon :

 « Rodet vient de bien plus loin que la lune. Il vient d’une planète très lointaine, et chaque fois que je le vois avec son sourire, sa modestie,

ses yeux pétillants de bonté, sa gentillesse, son affabilité, il me trouble, me déconcerte, m’emplit de remords.

Depuis bien longtemps, non sans tristesse je croyais, comme Anouilh, que la pureté  était impossible, et que l’on ne pouvait faire autrement que de se jeter dans l’arène pour participer à l’éternel combat de fauves ...Mais voilà Rodet qui prouve que l’on peut mener une autre vie et trouver le bonheur …

Tout au long de son existence, les épreuves ne lui ont pourtant pas manqué. Mais il les a supportées sans aigreur, sans acrimonie.

Et cette attitude, n’est-elle pas émouvante sinon exemplaire ?

« C’est un moine laïque » m’a dit un jour Pierre Laroche. Par ses qualités on peut le rapprocher d’un autre maître lyonnais Louis Chapuy. Lorsque l’on voit deux peintres d’une même génération réunir tant de qualités on se demande si ce n’est pas l’art qui permet à ces hommes de mener une telle existence, loin des conformismes, compromissions, appétits si décevants chez la plupart des êtres.

« L’art c’est ce qui nous sauve du désespoir » a dit (à peu près) André Malraux.

Alphonse Rodet illustre bien cette phrase.

Lorsqu’on le voit dans son appartement-atelier perché tout près de Fourvière, trottiner avec un sourire heureux parmi les toiles qu’il achève, alors que tant d’autres voués comme lui par le veuvage, à la solitude, sont écrasés d’ennui, de regrets, d’amertume, de rancoeurs, on sent que cette peinture qui l’habite, l’emplit de joie.

Alphonse Rodet qui nous réconcilie avec l’espèce humaine, est un grand artiste. René Déroudille fut l’un des premiers à le reconnaître. Nul n’était plus capable que cet infatigable militant, de retracer sa carrière et son œuvre, de nous faire revivre ses épreuves et ses efforts, de nous faire suivre les « périodes » de sa création… fort heureusement encore en pleine activité.

Depuis 1920, Alphonse Rodet expose au Salon d’Automne.

Comme Louis Chapuy et quelques autres, il lui a été toujours fidèle. Comme  « le poète de la Guillotière », il a constamment orienté son œuvre vers ce salon, en lui consacrant chaque année ses plus belles toiles.

Village de Saint Julien au printemps

Depuis 50 ans, Rodet et le Salon d’Automne sont indissociables. Aussi après l’étude de René Déroudille, en guise de postface, sera évoqué ce demi-siècle d’activités de la vieille société lyonnaise, grâce à des archives dont la plupart ont d’ailleurs été remises un jour, par Rodet dans son atelier à l’ombre de la basilique, tandis qu’il confiait :

-     Ma femme vient de mourir …Alors je n’ai plus rien à attendre…

Je vends la plupart de mes meubles, et voici tout ce que j’ai gardé du Salon d’Automne …

Oui en face de Rodet, on se sent tout humble. » André Mure

Jeu de boules Lagoutte

 Alphonse Rodet est né à Lyon le 16 octobre 1890 au pied de la Croix Rousse à deux pas de Saint Polycarpe. Il commence à travailler à l’atelier de son père qui fabrique des peignes à tisser, puis dans une poterie drômoise où s’est installée sa famille. De retour à Lyon, il peut trouver un travail qui correspond à ses dons et ses inspirations artistiques : dessinateur en fabrique. Avec ses amis dessinateurs en soierie, il commence à laisser dans sa vie une grande place à la peinture. Mais le service militaire puis la guerre interrompent brutalement ce chemin. Mobilisé en 1911, Alphonse Rodet ne sera démobilisé qu’en 1918 après avoir participé à tous les combats de son régiment.

En août 1918 il épouse Adeline DEVAUX dessinatrice en soierie avec laquelle il forme ce couple délicieux que Saint Julien a connu.

Dès 1920, A. Rodet expose ses premières peintures au Salon d’Automne. Et commence alors sa belle carrière de peintre : témoignages naturalistes, puis natures mortes et paysages après les années 40, enfin des sujets plus petits lumineux lorsque sa vue baisse après les années 70. Il vit modestement sur la colline de Fourvière où il poursuivra son œuvre après le décès de son épouse en 1965. Il rejoindra Adeline dix ans après, se laissant emporter par les eaux du Rhône. Une fin tragique pour cet homme de bien qui avait mal reçu une lettre du fisc dont il ne parle à personne et qu’il considéra comme une atteinte à son honneur. C’était un rappel de déclaration de quelques modestes ventes de toiles de ce « moine laïque » qui repose aujourd’hui en paix au cimetière de Loyasse auprès de son épouse .

Une rue de Lyon, dans le 8è arrondissement porte son nom.

 Alphonse RODET

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